FIFA : Entre la passion et le business, le Mondial chavire
MALIK MOHAMED

Lorsqu’il était sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Patrice Beaumelle avait lancé une phrase qui résonne toujours dans les esprits en qualifiant les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde en Afrique de couperet cruel et presque injuste, car sur les 10 sélections ayant atteint ce stade, 5 partaient au Mondial
et les 5 autres restaient sur le quai, après une double confrontation. Trois ans après le cauchemar de ce match dramatique contre le Cameroun (1-2), du 29 mars 2022, le patron de la FIFA, Gianni Infantino, transmet son message de félicitations à l’Algérie, fraîchement qualifiée à l’édition 2026 en prononçant le fameux slogan ‘’One, two, three, viva l’Algérie’’ !
Un Infantino qui ne cesse de charger le calendrier international et réformer les compétitions de la FIFA pour des considérations purement économiques et financières que techniques, vidant de plus en plus le jeu de sa saveur et sa ferveur comme l’estiment certains observateurs et spécialistes, pas forcément des nostalgiques ou des dogmatiques, mais soucieux de la santé des footballeurs. D’ailleurs, l’édition à 48 sélections n’a même pas débuté que l’on parle déjà d’un projet de Coupe du monde à 64 équipes ! Jusqu’où ira-t-on dans cette logique inflationniste ? Le football ne va-t-il pas perdre son âme et le spectacle ne sera-t-il pas terne ?
A ce rythme, le foot ne fait que se diluer davantage, et le risque de voir les joueurs se blesser souvent devient encore plus grand ainsi que d’assister à la qualification d’équipes de plus en plus modestes au nom d’une démocratisation du sport- roi, même si les scores fleuves peuvent en pleuvoir. Cette ouverture avait déjà suscité, au début des années 2000, l’intérêt de l’ancien dirigeant du football tunisien, le regretté Slim Alloulou pour travailler sur un projet : le dossier des joueurs binationaux qui aboutira sur la fameuse Loi Bahamas, portée ensuite par la CAF de Issa Hayatou qui a désigné Mohamed Raouraoua pour la proposer lors du Congrès de la FIFA de 2009 dans ce pays.
Depuis, les portes de toutes les sélections sont grandes ouvertes aux joueurs changeant de nationalité sportive pour défendre les sélections de leurs pays d’origine, nonobstant le nombre croissant de naturalisations, avec tout l’impact que l’on connaît aujourd’hui. Quant à l’Algérie, elle continue de bénéficier de cette Loi Bahamas et est parvenue à retrouver le Mondial, après 12 ans d’absence, mais sans l’engouement populaire dont nous a habitués le peuple algérien lors des précédents sacres et qualifications, dont les derniers en date sont la CAN-2019 et la Coupe arabe 2021.
L’absence de tout suspense et d’un enjeu émotionnel, lors de la phase de qualification, a enlevé à l’événement son excitation scénographique et à son issue des airs dramatiques qui auraient mis le peuple dans la rue au coup de sifflet final pour célébrer dans la joie et la fête cette qualification au Mondial. La joie est dans les cœurs, quant à la rue, elle attendra d’autres consécrations à fort degré émotionnel.
MALIK MOHAMED
