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CAF-FIFA : A Abidjan, un échec aux dimensions multiples

Par NAZIM BESSOL

L’échec du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef, au Comité exécutif de la CAF, a montré également la fragilité actuelle de la CAF et de la FIFA. Il est temps pour l’Algérie de renverser la tendance.

Depuis 2017, l’Algérie essuie des défaites à intervalles réguliers (2017, 2019 et 2023). Elle paie un soutien et une fidélité inconditionnelle au président sortant de l’époque, le Camerounais Issa Hayatou, défait en 2017 à Addis-Abeba. Le candidat algérien de l’époque, Mohamed Raouraoua, ayant obtenu 7 voix contre 41pour Fawzi Lekjaa. Lors de la dernière élection (Abidjan), ce dernier a mis les petits plats dans les grands, de l’aveu même de plusieurs responsables africains de la CAF et de journalistes présents. En plus d’accueillir 46 présidents de Fédérations, à la veille du Congrès d’Abidjan, avec un statut de VIP pour assister à la finale de la CAN U-20 que le Maroc a organisée (24 juin au 8 juillet), il a mis à leur disposition un avion spécial pour les transporter jusqu’à Abidjan, la veille du Congrès. Durant leur séjour au Maroc, l’équipe de Fawzi Lekjaa a battu campagne pour le Libyen, Al Shalmani, l’adversaire de l’Algérien Djahid Zefizef. Le maintien jusqu’au dernier moment de la majorité des présidents de Fédération au Maroc, empêche bien évidemment le candidat algérien de rencontrer ses potentiels électeurs et de mener sa campagne, à quelques heures du scrutin.

Al Shalmani défie Motsepe et Lakjaa s’en prend à Infantino

Lorsque le président de la CAF, Patrice Motsepe, arrive à Abidjan, les équipes de Fawzi Lekjaa sont à l’œuvre depuis un bon moment. Le candidat libyen a pour mission de défier Patrice Motsepe et son secrétaire général, Veron Mosengo Omba, en leur rappelant devant tout le monde leur devoir de neutralité. « Du jamais-vu ! », selon un président de Fédération. «Jamais on ne s’adresse de cette façon avec le grand patron», nous dit-il sous couvert d’anonymat. Entre-temps, l’équipe de campagne de Lekjaa, qui compte parmi ses membres l’ancien SG de la CAF (2019-2020), Mouad Hajji, que Lekjaa avait placé sous la présidence de Ahmad Ahmad, continue son travail le plus normalement du monde à l’hôtel où sont logées les délégations. «Ils veillent au grain, tout était déjà ficelé au Maroc », nous raconte un membre présent à Abidjan. «Ils ont mis tellement de moyens qu’on aurait dit qu’il s’agissait de la candidature de Lekjaa lui-même», affirme un autre président de Fédération. L’arrivée du président de la FIFA, Gianni Infantino, qu’on dit « favorable » à l’entrée de Djahid Zefizef au Comité exécutif de la CAF, ne changera rien au cirque.

 10 000 $ pour voter contre Zefizef

Ce qui va se passer, devant témoins, est incroyable ! Gianni Infantino est à son tour interpellé sur un ton agressif par Fawzi Lekjaa. «C’est une affaire d’Etat, ce sont les directives du Roi, ne venez pas fourrer votre nez. Personne n’intervient», clame Lekjaa d’un ton sec au patron du football mondial. Infantino et son secrétaire général adjoint, Mathias Grafström, complétement éberlués. De ce fait, ils n’ont rien pu faire pour inverser une tendance mise en place bien avant l’arrivée à Abidjan. Avant le scrutin, le président de CAF, Patrice Motespe, s’étant réuni avec les unions zonales (COSAFA, CECAFA, UNAFA, UFOA A, UFOA B et UNIFFAC), il a fait part de ses choix incluant le candidat algérien, Djahid Zefizef. Un choix combattu par le Marocain à coup de dollars. Selon notre correspondant, les présidents de la zone COSAFA (14 pays), celle-là même dont est issu Patrice Motsepe et présidée par l’Angolais Artur de Almeida Silva, auraient perçu 10 000$ pour voter Al Shalmani. Le président de la COSAFA qui souhaitait voir passer son candidat, le président de la Fédération du Malawi, Walter Nyamilandu, a conclu le deal. Et, c’est ainsi que les deux candidats de Fawzi Lekjaa : le Libyen Al Shalmani et le Soudanais Mutasim Gafar Sirelkhatim ont obtenu leurs places, au détriment de Djahid Zefizef et du Mauricien Samir Sobha, candidat sortant de la zone COSAFA. Les deux hommes ont obtenu exactement le même nombre de voix (15), ce qui démontre qu’il y a un vote bloqué.

Le plan B de Lekjaa

Bien que disposant d’une logistique et d’une équipe bien huilée, Fafwzi avait tout de même prévu un plan B au cas où Djahid Zefizef serait élu. Le Marocain n’aurait pas hésité à mettre en avant une démission collective des membres de l’exécutif de la CAF. «L’Algérien n’avait aucune chance, et même s’il était passé, il n’y aurait plus de CAF ! Fawzi était prêt à casser la CAF», explique un président. «Je pense que Gianni [Infantino] et Motsepe ont refusé le bras de fer, car ils savaient que ça pouvait nuire à la CAF. Si l’Algérien était passé, ils avaient prévu de démissionner massivement du Comex», souligne notre interlocuteur sous couvert d’anonymat. Une hypothèse qui a effrayé bon nombre de délégués, à commencer par le président Motsepe et son secrétaire général. Un tel acte aurait précipité l’instance dans l’inconnu. La 45e assemblée générale de la CAF, à Abidjan, a fini par convaincre de nombreux responsables que l’hyperdomination marocaine tourne à la vassalité. «A Abidjan, de nombreux délégués étaient choqués de voir le candidat de l’Algérie tombé contre le Libyen avec les moyens du Maroc. Bien qu’ils gardent le silence, certains n’acceptent pas cette situation et restent convaincus que cela ne sert pas l’intérêt du football africain ni de la CAF. C’est bien beau de se voir tout offrir mais le rapport avec le Maroc tourne à la vassalité et ça beaucoup ne l’acceptent pas !», nous confie un collègue à partir d’Abidjan.

 

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