FAF : Où se situent les responsabilités ? Et pourquoi ?
NAZIM BESSOL

La Fédération algérienne de foot-ball (FAF) s’apprête à connaître son quatrième président en autant d’années. Une instabilité qui rappelle les pires moments de cette instance avec comme point d’orgue l’intervention de la FIFA en 1995, qui avait annulé l’élection de Mohamed Laïb à la tête de la FAF. L’ANALYSE DE NAZIM BESSOL
L’instance mondiale s’apprêtait à dépêcher une équipe ces jours-ci, pour assister à l’assemblée générale extraordinaire pour la mise en confor- mité des statuts de la FAF avec le cadre juridique local (notamment le dernier décret n°22-309 du 12 septembre 2022 modifiant et complétant le décret exécutif n°14-330 du 27 novembre 2014 fixant les modalités d’organisation et de fonc- tionnement des fédérations sportives nationales ainsi que leur statut-type), mais aussi avec les statuts de la FIFA. Et patatras ! l’échec de Dja- hid Zefizef a bouleversé toutes les données. La FAF est passée en mode monitoring avec en prime une énième opération électorale pour le même mandat (2021-2025). Une anomalie aux multiples causes, mais dont certaines sont faci- lement identifiables tout comme leurs auteurs. Le premier d’entre eux ne peut être que le très décrié secrétaire général de la FAF, Mounir Debbichi, dont le sort était scellé avant l’assem- blée générale de la CAF, le 13 juillet dernier, à Abidjan, et qui a fini par coûté le siège à son président, Djahid Zefizef.
Une absence totale d’anticipation
L’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la Fédération est en grande partie due à son incapacité à anticiper et à boucler les dossiers. Il revenait, en effet, à Mounir Debbichi de tirer la sonnette d’alarme non seulement en ce qui concerne les membres du Bureau fédéral en situation de cumul, mais aussi et surtout sur les délais impartis pour mettre en conformité les statuts de la FAF avec le nouveau cadre juri- dique, créé par le décret le décret n°22-309 du 12 septembre 2022 modifiant et complétant le décret exécutif n°14-330 du 27 novembre 2014, fixant les modalités d’organisation et de fonc- tionnement des Fédérations sportives nationales ainsi que leur statut-type. Son inaction dans le dossier Mediapro lui vaut aussi aujourd’hui d’être sous enquête dans ce dossier.
De multiples dossiers en errance
Mounir Debbichi, qui a reconnu, publique- ment face camera, être le responsable du forfait de l’équipe nationale féminine des éli- minatoires des Jeux Olympique Paris 2024, n’aurait jamais dû continuer à occuper son poste. Le nombre de dossiers en errance à Dely Ibrahim est tout juste inestimable, selon plusieurs sources concordantes. Comble de l’ironie, c’est lui-même qui va conduire, avec Ali Malek, la prochaine assemblée générale élective, prévue pour la fin du mois d’août (le 31 sauf changement de dernière minute). Sur un autre registre, la défaillance, voire l’incompétence du secrétaire général de la FAF ne peut à elle seule expliquer la situation dans laquelle se trouve l’instance. Il y a des dysfonctionnements au niveau de la tutelle et de ses représentants qu’on ne peut occulter.
Qui a couvert les fausses démissions ?
Comment expliquer que les membres du Bureau fédéral, au moins deux (Ahmed Khabouz président de la Ligue de wilaya de Bordj Bou Arréridj et Djilali Aïdat président de la Ligue de wilaya d’Adrar) qui avaient déposé leurs démissions devant le Bureau de Ligue pour siéger au BF soient « attrapés » en situation de cumul ? Pourquoi la Ligue de Bordj Bou Arréridj et celle d’Adrar n’ont- elles pas tenu d’assemblées générales élec- tives depuis la démission de leurs présidents ? Que faisaient les directeurs des Sports de la wilaya de Bordj Bou Arréridj et d’Adrar ? Qui a couvert la fausse démission de ses deux membres du BF en situation de cumul ? Une manœuvre dont avaient déjà usé Yacine Ben- hamza et Rachid Oukali, l’année dernière.
Qui est responsable des « arrangements » ?
Le ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque était-il vraiment informé ? De telles situations avaient poussé BOTOLA à le sol- liciter, lors d’une conférence, et il n’avait pas nié l’existence de quelques «arrangements». Ahmed Khabouz et Aïdat Djilali ont-ils bé- néficié d’un énième arrangement ? En défini- tive, l’application à la carte des dispositions réglementaires et des lois de la République ajoutée à l’incompétence avérée de certains dirigeants constituent le cocktail explosif qui a fait voler en éclat la FAF. L’Algérie nou- velle ne peut longtemps tolérer ni accepter de tels compromis, fussent-t-ils pour le football Lqui reste, l’une des dernières sphères à ré- sister bon gré mal gré au changement !
NAZIM BESSOL