Tous les stades ne se ressemblent pas. Devant l’ambiance actuelle du football qui sied aux branquignols de l’image et de l’écrit, les idées ne manquent pas. Ainsi, pour la nouvelle saison, le nouveau stade, baptisé «Tahtaha», pourrait complètement changer le visage de la balle ronde. Point n’est besoin de révéler sa contenance, elle ne sert à rien. Les billets ne seront ni numérotés, ni nominatifs, ils pourront être fourgués aux voisins, non pas au marché noir mais plutôt au marché blanc.
Pour faire des économies, il ne sera pas question de l’équiper d’une sonorisation des plus performantes pour accompagner ou étouffer les chants ou bien les insultes des supporters. Quant aux joueurs, ils feront leur entrée sur le terrain tels des toréadors au son de la derbouka et de la ghaïta. L’arbitre central sera muni d’écouteurs pour être en phase avec les supporters des deux équipes qui ne manqueront pas de l’aider dans sa difficile tâche. Comment ? En lui rappelant les lois du jeu, apprises grâce à des cours gratuits ouverts à tous durant toute la saison.
L’ouverture des portes du stade «Tahtaha» se fera le jour du match, en temps de canicule ou de pluie, à partir de 6 heures du matin et leur fermeture à 12 heures tapantes. Le spectacle étant programmé à 16 heures, gare à ceux qui sont munis de billets et qui arrivent en retard. Le remboursement n’est pas prévu. Il n’y aura pas de buvette, du tout pas de buvette, parce que cela énerverait davantage les accrocs à la caféine, au déca ou au thé à la menthe accompagné de cacahuètes ou encore de boissons gazeuses.
A la mi-temps, les supporters pourront se rafraîchir à l’eau du robinet ou se désaltérer d’une eau à la saveur goudronnée du guerrab clandestin, en sandales, moyennant une petite pièce équivalente à 50 dinars. Le
prix sera stabilisé durant toute la saison. A cela, il faut ajouter les sanitaires que l’on peut occuper sur rendez-vous, dès l’arrivée au stade. Ils seront fermés durant tout le match. En revanche, en forme de compensation, les fumigènes seront offerts gratuitement dans l’enceinte.
Des coussins seront mis gratuitement à la disposition des spectateurs qui le souhaitent pour ne pas salir leurs pantalons parce qu’au stade «Tahtaha», il n’y a pas de siège. Cela fait ringard. Mais il est fait obligation aux spectateurs, à la fin du match, de les balancer sur le terrain pour alléger le travail du service de nettoiement, dont le salaire varie en fonction du ramassage des mégots écrasés de cigares, de cigarettes ou des tas de chemma (tabac à chiquer). Au final : il vaut mieux en rire et apporter de la bonne humeur du stade Tahtaha.
– AB. LAHOUARI
