
Pas insensible aux remontrances qui ont suivi les dernières prestations en demi-teinte, Vladimir Petkovic a opéré un lifting rajeunissant sur son groupe, appelé à composter dès cette fin de semaine son billet pour le Mondial 2026.
Bien qu’il se dise blindé contre les critiques des spécialistes et les excès des tribunaux numériques, le sélectionneur national a fini par revoir ses priorités et arrondir les angles de sa troupe à laquelle il a insufflé du sang neuf à grandes doses à l’occasion de cette fenêtre internationale. Un rajeunissement rendu possible par le modeste calibre de l’adversaire somalien, que l’EN devrait passer sans trop de difficultés jeudi en fin d’après-midi au stade Miloud-Hadefi pour assurer, officiellement, pour la cinquième fois de son histoire sa présence en Coupe du Monde de la FIFA après 1982, 1986, 2010 et 2014.
Outre les habitués des vestiaires des Verts, Amin Chiakha (Vejle BK), Badredine Bouanani (VfB Stuttgart) , Ibrahim Maza (Bayer Leverkusen), Farès Chaïbi (Eintracht Frankfurt), Anis Hadj Moussa (Feyenoord Rotterdam) et Moncef Bekrar (Dinamo Zagreb), âgés respectivement de 19, 20, 21, 23 et 24 ans, le sélectionneur national a, cette fois, promu Rafik Belghali (23 ans, Hellas Verona), Mehdi Dorval (24 ans, Bari), Samir Chergui (26 ans, Paris FC).
Roulez, jeunesse !
Cette démarche visant à rajeunir la moyenne d’âge de l’EN tout en offrant aux jeunes binationaux l’occasion de passer un cap en sélection et prouver qu’ils ont les épaules assez solides à même de gérer la pression spécifique à la représentation internationale, autrement plus contraignante et pesante que l’exigence du haut niveau en club, laisse, ainsi, à penser que Vladimir Petkovic a choisi de ne pas attendre la qualification au Mondial-2026 ou la CAN-2025 au Maroc pour entamer sa révolution.
Car, après avoir mesuré la nécessité d’opérer un changement au sein du groupe et de réactiver le levier de la concurrence, le tacticien bosnien a mis à exécution sa démarche, question de voir à l’œuvre ces jeunes loups aux dents longues dans un cadre officiel. D’autant plus que ces deux rendez-vous face à la Somalie et l’Ouganda leur offriront le contexte exigeant des rencontres internationales à gros enjeux sans pour autant que ce soit face à un grand du continent. Cette manière d’agir de Petkovic de les lancer dans le grand bain sans pour autant que cela les mette en danger ou ne leur brûle les ailes devrait, d’ailleurs, être doublement bénéfique, aussi bien pour les nouveaux arrivés que pour l’EN.
Lancement en douceur, sans pression
Dans son argumentaire avancé par bribes, lors de sa conférence de presse jeudi matin à l’heure d’annoncer ses choix , l’ancien Mister de la Nati n’a, à ce sujet, pas tari d’éloges à propos de ces jeunes promus sans pour autant leur promettre d’emblée d’être installés comme titulaires. «Bekrar est un joueur de surface. Je suis très content qu’il puisse jouer dans un club comme Dinamo qui est très structuré. Là, il joue beaucoup plus à droite pour toucher plus de ballons mais le club sait que c’est un joueur de surface.
Mais il y a beaucoup de concurrence. J’ai aussi vu que Boulbina a fait des progrès depuis son arrivée au Qatar. Il doit marquer encore plus de buts et on verra pour les A mais il est déjà convaincant avec les A’», a-t-il dit. Et d’ajouter: «Bouanani est, pour sa part, un joueur jeune et talentueux. Je veux le voir après son début en Allemagne pour connaître son comportement dans le groupe. Il a été absent à un moment en sélection car nous cherchons des joueurs qui progressent.»
La CAN, l’ultime test
Quant à ses choix pour l’assise défensive, le sélectionneur national a, également, tenu à argumenter. «Je pense que notre défense fonctionne bien. On a aussi des milieux et des attaquants qui aident sur le plan défensif. On a dû faire des choix parce qu’on a des blessés. Je veux donner la possibilité à de nouveaux joueurs comme Chergui mais la porte reste ouverte.
Je ne suis pas 100% satisfait comme tout le monde. On peut s’améliorer en défense dans le un contre un mais on a vu qu’on s’est amélioré sur les coups de pied arrêtés» a-t-il noté. Et si Alexandre Oukidja et Youcef Atal semblent avoir déjà fait les frais de ce lifting, il paraît clair que d’autres «intouchables» de l’équipe championne d’Afrique 2019 ont déjà senti le vent du changement les pousser dans le dos. Or, comme cet entracte du mois d’octobre ou encore celui de décembre ne devrait pas trop menacer leur statut, c’est vraisemblablement la CAN au Maroc qui décidera de la cadence à donner à ce rajeunissement lancé par Petkovic comme un signal clair que tout peut basculer à tout moment. Surtout qu’il y aura un Mondial à disputer en été.
RACHID B.