ALG : Le silence dans les stades tue la passion du foot
DJAMEL OUAGLAL

Les supporters constituent l’un des atouts majeurs dans un spectacle. Et lorsqu’on organise des événements sans eux, indépendamment du côté économique, à quoi cela peut bien servir le football ? Le Championnat algérien de L1 détient le record des matches joués à huis clos où les fans ne sont pas invités aux différents spectacles. La 17e journée, qui a débuté hier mardi avec trois rencontres au programme, et qui s’étalera sur quatre parties (jour) (mercredi, jeudi et dimanche), se distingue avec un chiffre particulièrement choquant et préoccupant : 6 matches sur les 8 au programme se joueront à huis clos. Ce n’est pas un fait anodin puisque depuis le début de la saison, de nombreux matches de la L1 se sont déroulés sans la présence de supporters en raison des sanctions de la Commission de discipline de la Ligue professionnelle de football.
Au total, 29 rencontres sur les 136 disputées (celles de la 17e journée comptabilisées) ont eu (ou auront) lieu devant des gradins qui vont sonner creux. Ces sanctions ont été infligées en raison des actes de violence
(cas du CS Constantine ou de l’ES Mostaganem) où des infractions (la plupart) commises par les supporters,
notamment le lancer de projectiles et l’usage de feux d’artifice et de fumigènes. Pourtant, l’on est qu’à la 17e journée et que le championnat se caractérise par un clivage serré en tête du classement, avec le MC Alger, en tête avec 31 points, suivi du CR Belouizdad (28 points) et d’USM Alger (26 points). Il est donc certain que l’on va assister à d’autres peines et les clubs seront privés de leurs fans à l’approche de la fin de la saison où les enjeux seront énormes.
Ce qui fait débat cette saison, ce sont les répercussions des incidents en tribunes, notamment les actes
de violence des supporters, qui ont conduit à des sanctions sévères. La question de l’efficacité de ces sanctions se pose, surtout lorsqu’il s’agit d’utilisation de fumigènes. Pour la première fois, six des huit matches de la 17e journée se joueront sans supporters, une situation inédite et inquiétante qui inquiète les observateurs du football algérien. La situation est d’autant plus préoccupante que le match phare de la journée, devant opposer l’ES Sétif au CR Belouizdad, sera également joué sans la présence des supporters, une décision qui prive cette confrontation d’une de ses principales sources d’excitation. La sanction prive même les fans de la Kabylie de suivre un derby historique entre l’Olympique Akbou et la JS Kabylie.
Depuis le début de saison, seules les 1re, 4e, 6e et 10e journées ont enregistré la présence des supporters lors des 8 rencontres programmées. 4 journées seulement sur 17, c’est insignifiant, sachant aussi que 3 équipes seulement n’ont pas été sanctionnées en raison de leurs supporters. Il s’agit du Paradou AC, de la JS Kabylie et de la JS Saoura. Cependant, cela ne les a pas empêchés d’évoluer plusieurs fois devant des gradins vides en raison des sanctions infligées à leurs adversaires. Une anomalie que l’on pourrait éviter en appliquant des idées nouvelles quand bien même la LFP s’évertue à imposer des sanctions strictes en réponse à
la violence dans les stades. Mais de nombreux analystes estiment que la sanction du huis clos ne semble pas suffisamment dissuasive. Les incidents continuent, et l’impact escompté n’est pas au rendez-vous pour mettre fin à une telle situation. Alors, il ne reste plus qu’à repenser la question de la sécurité dans les stades, un sujet sans doute majeur dans les mois à venir.
– DJAMEL OUAGLAL