ALG : Le modèle bling-bling a montré ses limites ( analyse)
LAFORDASSE

La sortie du CR Belouizdad, en quarts de finale aller de la Ligue des Champions africaine face aux Sud-africains de Mamelodi Sundowns FC, a tourné à la leçon, avec ce score sans appel de (1 à 4), qui aurait pu être plus corsé si les attaquants étaient un peu plus adroits avec un poteau au passage. La démonstration de cette équipe sud-africaine a édifié plus d’un véritable observateur sur le niveau de nos clubs sur le continent, puisque, la veille, la JS Kabylie a été balayée (0 à 1) par des Tunisois de l’Espérance, loin de leur niveau d’il y a quelques années, mais qui demeurent de solides gaillards sur le continent. Aussi la victoire de l’USM Alger face aux Marocains du FAR Rabat, dans une com- pétition moindre, ne peut-elle pas dissimuler la situation actuelle de notre football.
La Ligue africaine des Champions est le baromètre de la supériorité des clubs continentaux. Elle désigne les meil- leurs sur la saison mais aussi et surtout sur la décennie. Des clubs comme Al-Ahly, le Raja, le Wydad, l’ES Tunis, sont durablement installés dans le top 8 et souvent dans le dernier carré, tandis que le Chabab Belouizdad et les autres représentants algériens stagnent au niveau des quarts de finale quand ils ne régressent pas. Et pourtant, le club de Laâqiba est dominateur sur le plan domestique, depuis trois saisons consécutives, et se trouve pratiquement sans le moindre rival. Aussi les mêmes questionnements sont-elles reposées pour décrypter les raisons et les causes de cette impossibilité de franchir des paliers. Certains diront que le modèle bling-bling du Chabab a montré ses limites.
Il est basé essentiellement sur une compilation des meilleurs éléments du football local, royalement payés et convenablement pris en charge sur tous les plans. Mais, les résultats démontrent que ce n’est guère suffisant quand, en face, l’équipe de Sundowns renfermait une bonne pléiade d’internationaux … sud-africains, tous issus de la formation et du travail académique entrepris par les clubs et la fédéra- tion de ce pays. Le championnat local profite prioritairement des meilleurs footballeurs issus de la formation. Que ce soit chez les garçons ou bien chez les filles, dont la sélection nationale est championne d’Afrique en titre. Ce qui n’est pas le cas au niveau du football sénégalais.
Le football de la Teranga est axé sur une formation plutôt orientée vers l’exportation puis un retour sur investisse- ment pour les différentes sélections et non pas à alimenter un championnat de haute facture. Un nouveau chantier sur lequel se penche la FSF depuis quelque temps. Aussi, pour ce qui est de l’Algérie, le retour aux fondamentaux est iné- vitable, à savoir le développement et la formation de base, comme le font pratiquement toutes les nations qui dis- posent d’un potentiel non négligeable. La venue aux affaires du football de Djahid Zefizef, l’été dernier, devrait remettre les choses sur rails après l’horrible parenthèse Charaf- Eddine qui a démantelé la direction technique et mis au placard toute démarche de formation.
L’avènement des académies, si elles venaient à se concréti- ser sur le terrain de la réalité comme l’a annoncé la Fédéra- tion, devrait être le début de solution pour notre football qui a tant besoin d’un réservoir de joueurs bien formés, ayant un volume de formation conséquent et répondant aux normes, et accompagné par un contingent de formateurs de haut niveau. Cela aura pour conséquence l’élévation du niveau d’ensemble, y compris celui du championnat d’élite, ce dont profiteront les clubs sur le plan continental, comme le font à titre de comparaison les Marocains avec leurs clubs du Wydad, du Raja et d’autres Berkane et les FAR.
En attendant, la fin de saison s’étire avec son lot de matches reportés qui s’accumulent, au moment où nos adversaires jouent régulièrement, sans complaisance. Au moment où le dossier du professionnalisme ne montre toujours pas son bout du nez, sauf par des annonces concernant la venue d’entreprises pour injecter de l’argent, encore de l’argent, les résultats demeurent les mêmes. Les exemples des Groupes Madar, Sonatrach, Serport méritent réflexion pour (enfin !) changer son fusil d’épaule.
– LAFORDASSE