
Le Franco-algérien le plus talentueux et le plus prometteur d’Europe, Rayan Cherki pourrait être d’un incroyable apport aux Verts.
L’approche de Djamel Belmadi pour tout dossier lié aux binationaux risque, toutefois, de constituer un frein à cette alléchante hypothèse. Prolongé jusqu’en juin 2026, le patron de l’EN consentira-t-il à revoir sa stratégie communicative et à trouver les mots justes pour arracher le joyau lyonnais à l’Equipe de France qui lui semble promise ? Le jeu en veut la chandelle. Et, d’un point de vue technique, le numéro 18 de l’Olympique Lyonnais mériterait un tel «traitement de faveur». Son immense talent, son incommensurable potentiel et son vécu au plus haut niveau, en dépit de son âge (19 ans), le prédestinent à une très grande carrière. Reste juste à le convaincre d’opter pour la sélection algérienne au lieu de celle du pays d’accueil de ses parents. Attendre qu’il se décide «seul», qu’il «prenne une feuille 21-27 pour annoncer son envie de jouer pour l’Algérie» risque, en revanche, de faire perdre à cette même Algérie un véritable crack que les grands clubs européens suivent depuis tout petit et ses premiers pas dans le football.
C’est à Belmadi de jouer
Ce n’est, d’ailleurs, pas pour rien que le Paris Saint-Germain a tenté une manœuvre audacieuse, lors du dernier mercato hivernal, pour le recruter, le président des Gones, Jean-Michel Aulas, lui ayant opposé un niet catégorique. Depuis, celui qu’on désigne à l’OL comme l’héritier naturel de Karim Benzema a passé un cap. Replacé par Laurent Blanc dans l’axe, au cœur du jeu, derrière les deux attaquants, Cherki a pris un véritable envol. Son entente technique avec son capitaine, Alexandre Lacazette, fait des merveilles. «Je joue à un poste, comme je l’ai toujours dit, qui m’aide moi et qui aide l’équipe. J’ai la confiance du coach, de mes coéquipiers, je me sens bien, je travaille bien, je récupère bien. Quand ces choses-là sont alignées, on ne peut que faire de bonnes choses», soulignait la nouvelle coqueluche lyonnaise à sa sortie du vestiaire, dimanche soir, après avoir fait sauter le verrou lensois au prix d’un joli but et d’une belle passe décisive.
Laurent Blanc mise sur lui
Très mature, il a, du reste, intelligemment répondu à une question relative à l’intérêt du champion de France en titre. «J’ai vécu ça simplement. Je ne regarde pas forcément les réseaux sociaux, ni la télé. Je fais mon petit bout de chemin. Quand ce sera l’heure de parler, on parlera de ça», a-t-il signifié. Sous le charme et conscient de sa grande marge de progression, l’ancien champion du monde (1998) et d’Europe (2000) avec les Bleus, Laurent Blanc lui a, d’ailleurs, montré le chemin à suivre pour continuer à gravir les échelons. «À ce poste, dans cette caté – gorie de joueurs qu’il veut être, il doit être décisif. Tu peux avoir tout le talent que tu veux, à la sortie, les statistiques restent les statistiques. S’il marque des buts, on va commencer à le prendre au sérieux», lâchait l’ancien défenseur international, mercredi dernier, après le match de Coupe de France, remporté face à Lilles. Franck Passi, qui remplaçait Blanc sur le banc, dimanche, a confirmé ce nouveau statut de Cherki dans l’équipe.
Devancer Deschamps sur ce dossier
«C’est un joueur important sur le plan offensif. Il faut lui permettre d’avoir de la liberté et des joueurs qui font le travail derrière lui. Il s’exprime, il a pris confiance en lui, il commence à marquer des buts», expliquait le tech -nicien. Le message du staff technique rhodanien semble avoir parfaitement été entendu assimilé par celui qui était désigné à 15 ans déjà comme «l’un des plus grands talents de l’histoire du centre de formation de l’Olympique Lyonnais». Avec quatre buts et quatre passes décisives, toutes compétitions confondues (en 23 matches), le natif du 3ème arrondissement de Lyon monte en puissance et pourrait même faire l’objet d’une convocation de la part de Didier Deschamps qui compte bien le prendre sous son aile et s’assurer, par ricochet, les services d’une pépite que toute l’Europe lui envie. D’où la nécessité, pour la FAF et Djamel Belmadi, de faire preuve de célérité et de psychopédagogie afin de ne pas avoir à le regretter par la suite. – RACHID BELARBI