
Même s’il a su inverser la tendance après la surprenante défaite inaugurale face à la Guinée en reprenant la main dans ce groupe G, Vladimir Petkovic a encore un long chemin à parcourir et une grande marge de manœuvre à combler pour élever l’équipe nationale au statut tant désiré de sélection mondialiste.
L’euphorie qui a accompagné le récital offensif des Verts face au Mozambique cache, en effet, mal assez de bémols qui, s’ils ne sont pas modifiés en temps voulu, risquent de plomber la progression de cette équipe à tout moment et lui valoir autant de désillusions que celles vécues par sa précédente «version», celle de Djamel Belmadi. Le souvenir de la puissance que dégageait cette dream-team continentale qui avait triomphé à la CAN 2019 au Caire et qui avait enchainé une série record de 35 rencontres sans défaites pour signer la deuxième meilleure performance de tous les temps à ce niveau est, en effet, vivace dans la mémoire collective nationale. Tout comme son incroyable chute en trois épisodes tout aussi douloureux les uns que les autres qui a précipité le renvoi, dans des circonstances dramatiques, de l’architecte de cette inoubliable épopée aux multiples facettes.
Une défense à solidifier
Il ne faut, d’ailleurs, guère être un rabat-joie pour voir en la trajectoire de cette EN sous la houlette de Petkovic des similitudes avec l’envol de la «génération Belmadi». Il demeure, de fait, évident que le premier nommé devrait forcément s’inspirer de ce qu’il n’avait pas forcément marché avant sa venue pour éviter de connaitre de tels scénario cruels. A commencer, à titre exhaustif, par tenter de restructurer une défense qui ne rassure pas vraiment en dépit de n’avoir pas encore passé de test grandeur nature. Tout le monde, ou presque, l’a remarqué au cours de cette fenêtre internationale du mois de mars : la charnière centrale ne rassure aucunement et donne même l’impression d’être au bord de la rupture à chaque accélération adverse.
Un triomphalisme à dompter
Le poids des ans et un certain manque de régularité en matière de compétitivité au plus haut niveau ne font, ainsi, plus d’Aïssa Mandi la tour de contrôle qu’il était du temps de ses années rémoise. Ce qu’il réussissait quand il était à son prime et qui lui a permis d’intégrer le cercle très restreint de centenaire sous le maillot vert, le vice capitaine de l’EN ne le réussit qu’épisodiquement depuis assez longtemps déjà.
Et si son association avec Mohamed Amine Tougaï n’était pas la trouvaille du siècle, son duo avec Ramy Bensebaïni n’est pas non plus un gage de sécurité défensive, tant le polyvalent sociétaire du Borussia Dortmund se trouve presque obligé d’assumer une double mission : faire son job et veiller à assurer une vacation ! On l’a vu au Botswana et on l’a encore revu à Tizi-Ouzou : Ayant perdu en explosivité et en vivacité, Mandi parait presque toujours en retard lors de ses interventions.
Chercher des alternatives crédibles
Et même s’il n’a rien perdu de sa relance propre, de la qualité de son jeu de tête ou de son opportunisme dans la surface adverse, le défenseur lillois n’est plus aussi «sûr» qu’avant, ce qui devrait amener Vladimir Petkovic à chercher une alternative crédible en perspective de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 au Maroc et aussi et surtout en vue du Mondial-2026 pour lequel il nourrit de grandes ambitions.
A la fébrilité de sa défense qu’il doit solidifier, le patron technique des Verts aura aussi à charge le volet psychologique à même d’éviter à son groupe de se voir trop beau et de faire assimiler à ses éléments entre confiance en soi, optimisme mesuré et triomphalisme béat. Car, qu’on se le dise franchement, cette équipe nationale new-look au fort potentiel offensif n’a pas encore croisé la route d’un poids lourd du continent depuis que la manette est entre les mains de Petkovic.
Monter en gamme en adversité
Ce n’est qu’à travers des chocs frontaux avec les sélections du top-5 continental que l’on pourra mesurer le degré de «guérison» de cette EN de ses traumatismes récents et sa capacité à tenir la comparaison avec ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle. La seule fois où elle a eu en face un top-10, l’Afrique du sud en l’occurrence (10ème nation continentale au classement de la FIFA et 57ème mondiale), l’équipe de Petkovic a encaissé trois buts et précisons-le marqué autant, ce qui laisse un certain arrière-goût mitigé. C’est dire l’importance de la prochaine fenêtre internationale, celle du mois de juin, avec déjà l’amical annoncé face à la Suède, pour pouvoir mieux situer cette EN version Petkovic et en jauger la progression.
RACHID BELARBI