Éco/MédiaLes infos

ALG : Belaïli, la menace corse

RACHID BELARBI

Alors qu’il semblait de nouveau être stable à l’Espérance de Tunis, Youcef Belaïli a été rattrapé par une drôle d’affaire corse qui risque fort de lui valoir autant d’ennuis judiciaires que de sanctions sportives.

Exceptée l’incompréhensible parenthèse angevine, c’est le club étranger où il a le moins joué qui risque, en somme, de lui valoir le plus de problèmes ! Avec à peine 17 matches pour 6 buts et 3 passes décisives en 2022-2023, l’on pensait que le court chapitre ajaccien était définitivement refermé après que l’attaquant oranais eut quitté le club au printemps et eut choisi, lui-même, de mettre fin à ce qui semblait être une erreur de casting.

Mais depuis vendredi, l’AC Ajaccio crie au scandale et a rendu publique une incroyable affaire de faux et usage de faux et d’escroquerie ! Relégué administrativement en Régionale 2, l’équivalent de la 7ème division française, l’ACA a, en effet, sollicité un jugement de la FIFA pour se plaindre de l’international algérien, accusé de faux et usage de faux et d’escroquerie qui auraient valu au club corse une interdiction de recrutement qui le prive, pour l’heure de pouvoir établir des licences.

Faux et usage de faux, escroquerie …

Conséquences : L’ACA, qui devait jouer aujourd’hui en Coupe de Corse face à Sotta, a d’ailleurs déclaré forfait et n’est même pas sûre de pouvoir disputer son premier match de championnat dimanche prochain à Furiani. S’adressant directement à Gianni Infantino, Président de la FIFA, la direction ajaccienne l’a, ainsi, alerté sur «une situation ubuesque et profondément injuste qui menace la survie de l’AC Ajaccio». Pour les dirigeants corses, il n’y a aucun doute : « l’ACA est victime d’une escroquerie organisée, entérinée par une décision de la FIFA rendue le 11 juillet 2025, dans le cadre d’un litige opposant l’AC Ajaccio à son ancien joueur Youcef Belaïli », attestant que « cette décision, prise sur la base d’un faux document, interdit aujourd’hui tout recrutement, plongeant ainsi le club dans un état de mort clinique ».

Al Ahli et Caldarella l’enfoncent

La genèse de l’affaire remonte, en fait, à avril 2023, quand «le Tribunal arbitral du sport condamnait Youcef Belaïli à rembourser une dette de 380 000 euros à son ancien club saoudien, Al-Ahli Saudi FC , une pénalité infligée au joueur, indépendamment de l’AC Ajaccio». «Or, en 2024, le joueur saisissait la FIFA pour réclamer ce même montant à notre club, en présentant un protocole d’accord prétendûment signé par notre ancien directeur général, M. Alain Caldarella et par Al-Ahli. Ce document, sur lequel repose la décision de la FIFA, est un faux manifeste !» s’indigne, à ce sujet, l’ACA. Et d’argumenter, dans le détail : «Al-Ahli FC a officiellement démenti l’existence de ce document, affirmant que la personne citée comme signataire n’a jamais exercé aucune fonction officielle dans le club. M. Caldarella, de son côté, a déposé une plainte pour faux et usage de faux, affirmant n’avoir jamais signé un tel document.

7 ans de prison et 750 000 euros d’amende

Enfin, si un tel accord avait réellement existé, pourquoi n’a-t-il jamais été évoqué lors du jugement initial devant le TAS en 2023 ? Pourquoi Al-Ahli a-t-il poursuivi le joueur – et non l’AC Ajaccio – s’il existait un engagement écrit de notre part à régler cette dette ?». Pour l’ACA, «la réponse est simple : ce document n’a jamais existé !». «Il a été fabriqué de toutes pièces dans l’unique but de détourner près de 400 000 euros au détriment de notre club» accuse vertement le club de l’Ile de beauté, qui regrette, en parallèle, que «la décision soit devenue définitive» car «l’ancienne direction de l’ACA n’avait entrepris aucune démarche de défense».

Conscients que tout recours est désormais impossible, les nouveaux dirigeants de l’ACA tentent, ainsi, de mettre en exergue «la rigueur des délais à la réalité de la fraude», affirmant, en parallèle, qu’une plainte pénale a été déposée auprès du procureur de la République d’Ajaccio pour faux, usage de faux et escroquerie.

Ni CAN, ni Mondial pour Youcef ?

Si l’ancien attaquant du Mouloudia d’Oran venait à être reconnu coupable d’une telle dérive, le prix à payer risque d’être très lourd puisqu’en France, le faux et usage de faux est puni de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, mais peut aller jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende si le document est administratif. Quant à l’escroquerie, elle est punie de 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende, mais les peines peuvent être aggravées à 7 ans de prison et 750 000 euros d’amende, notamment en cas de bande organisée.

Dans le cas de Youcef Belaïli, ces peines peuvent, aussi, être cumulées si les faits sont reconnus comme étant à la fois un faux et une escroquerie. C’est dire l’ampleur du sale pétrin dans lequel se serait embourbé le «clan Belaïli», en parallèle à d’éventuelles lourdes sanctions sportives qui émaneront, assurément, de la FIFA au cas où les accusations de l’ACA venaient à être prouvées et confirmées. De quoi menacer la présence du buteur de l’Espérance de Tunis à la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc et au Mondial-2026 ? La réponse paraît assez évidente !

RACHID BELARBI

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité