ALG : Entre rationalisation des dépenses et ambitions sportives
MALIK MOHAMED

Depuis quelques mois, on assiste à un débat en sourdine au sujet du football professionnel, notamment après les décisions prises tout récemment par la Fédération algérienne de football au sujet de la rationalisation des dépenses des clubs professionnels. Lors du premier Conseil des ministres post- renouvellement du gouvernement, en novembre 2024, le Président de la République avait exhorté le tout nouveau ministre des Sports, Walid Sadi, et président de la Fédération, à rationaliser la dépense publique dans le football algérien. Et l’instance s’est vite empressée à réunir les clubs pour les sensibiliser. C’est ainsi qu’en novembre 2024, les clubs de la L1 professionnelle ont été instruits à l’effet de réduire leur train de vie et à créer des académies au plus tard le 31 janvier 2025.
En juin dernier, la FAF, par le biais de sa Direction technique nationale (DTN), a organisé le 1er tournoi national des académies des clubs professionnels qui, en réalité, est un tournoi des U-13 puisque, mis à part le Paradou AC qui dispose d’une véritable structure dédiée à cette mission qu’est la formation, les autres clubs n’y disposent toujours pas. D’ailleurs, on aimerait bien voir de plus près, pourquoi pas à travers un documentaire, les lieux où se trouvent ces académies, comment elles fonctionnent réellement, leurs staffs et bien d’autres aspects. Sur le volet rationalisation des dépenses, la FAF a trouvé la parade, en enjoignant les sociétés sportives par action, dont certaines sont détenues par de grands groupes économiques (tels que Sonatrach, Madar, Sonelgaz ou Serport), à adopter un nouveau contrat de joueur professionnel.
Quelques mesures ont été rajoutées, telles que rappelées lors de l’atelier du 18 juin 2025 ainsi que dans la note n°832 du 27 juillet 2025 et confirmées par le Bureau fédéral du 30 du même mois. Face à une réalité toute autre, aux contingences imposées par le terrain et son corollaire de concurrence et d’une conjoncture inflationniste ainsi que les ambitions sportives, toutefois légitimes, des clubs se sont retrouvés devant, pas un, mais des dilemmes. Car au classement des clubs africains les plus riches, cinq clubs algériens font partie du top 20, mais ils sont tous au-dessous de la 10e place. Leur valeur financière est à un seul chiffre, comme le MC Alger 9,6 millions d’euros, loin du 1er Al-Ahly d’Égypte avec 30,75 millions d’euros, suivi des Sud-africains de Mamelodi Sundowns (21,3 millions d’euros) et des autres Égyptiens du Zamalek (20,55 millions d’euros).
Même les nouveaux « riches », que sont Pyramids (19,6 millions d’euros), derniers vainqueurs de la Ligue des Champions 2025, et Orlando Pirates (18,15 millions d’euros) complètent le top 5, devant l’Espérance de Tunis (17,63 millions d’euros) alors que le 20e est un autre club tunisien, l’US Monastir (8 millions d’euros). La question est donc simple : comment doivent faire les clubs algériens pour rivaliser avec leurs homologues du continent et pouvoir décrocher des titres, car la vie d’un club est faite de consécrations … sportives ? Comment doivent-ils faire, surtout que les instances du football ne leur montrent pas vraiment le chemin à prendre, sauf celui de brandir des menaces, pour ceux qui ne se conforment pas au nouveau contrat du joueur professionnel et à un non-dépassement d’une masse salariale mensuelle de 50 MDA.
La commission de discipline sera automatiquement saisie pour non- respect des directives desdites instances, conformément aux articles 2.5 et 16.a des Statuts de la FAF. Et des sanctions seront prises. Une plus profonde et réelle réflexion s’impose de la part de véritables spécialistes.
– MALIK MOHAMED