
Que reste-t-il de la glorieuse équipe du Front de libération nationale (FLN) constituée un13 avril 1958, année où ce haut symbole de la révolution algérienne a pris naissance pour s’inscrire à jamais dans la légende ?
Soixante-sept ans sont déjà passés depuis que des footballeurs algériens, pour la plupart des vedettes et certains des internationaux, au sein des clubs français, décidèrent de tout plaquer : argent, gloire et carrière prometteuse, pour répondre à l’appel de la patrie et rejoindre le combat d’une cause que nul ne pouvait négocier pour tout l’or du monde.
Aussi, ne se lassera-t-on jamais de raconter l’histoire de ces trente-deux joueurs, sous la direction d’un chef visionnaire, l’enfant d’El Asnam (aujourd’hui Chlef) Mohamed Boumezrag, qui ont non seulement écrit l’une des plus belles pages de la lutte pour le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie, mais celles du football mondial que toutes les instances, la FIFA en premier, ont fini par immortaliser. Hasard du calendrier, c’était un dimanche, comme aujourd’hui, que les événements se sont emballés lors de la 30ème journée de L1 française, alors que la guerre d’Algérie entamait déjà sa quatrième année.
Le lendemain de cette banale journée de championnat de la France occupante, neuf joueurs, et pas des moindres puisque certains d’entre eux étaient annoncés chez les Bleus pour disputer la Coupe du Monde de 1958 en Suède, à l’image des Mustapha Zitouni, Abdelaziz Bentifour et surtout Rachid Mekhloufi, qui, à 22 ans, incarnait la star naissance du foot en hexagone, ont disparu dans la nature, avant de prendre la direction de Tunis. L’idée était celle d’un stratège, car recourir au football pour lutter contre l’oppresseur était une idée nouvelle que bien d’autres pays allaient adopter.
Des années plus tard, le Mozambique (colonisés par le Portugal) avec Eusébio Da Silva et Mario Coluna des stars de Benfica et de l’équipe nationale étaient surveillés de jour comme de nuit par la police secrète de Salazar. Ils ne connaitront pas la joie de porter les couleurs de leur pays libéré. A l’inverse, Rachid Mekhloufi non seulement dirigera en tant que joueur les Verts, mais il offrira également les deux premiers titres au football algérien en tant que sélectionneur en 1975 (médaille d’Or des Jeux Méditerranéens d’Alger) et en 1978 (médaille d’Or des Jeux Africains d’Alger).
Des 32 héros de la fabuleuse aventure de l’équipe du FLN, ils ne restent plus que deux : Dahmane Defnoun (88 ans), l’enfant de Bologhine (ex-Saint-Eugène) aujourd’hui malade et retiré dans sa famille, et Mohamed Maouche (89 ans), également de Bologhine ; Ce dernier occupe toujours le poste de président de la Fondation du Front de libération nationale (FLN) après avoir siégé au sein du Bureau fédéral. Tous deux, ils ont apporté leurs compétences au développement du football national en tant que joueur et entraîneur.
Aujourd’hui, tel un arbre perdant ses feuilles en plein automne, l’équipe du FLN garde les racines bien solides et enfouies dans la mémoire de l’Algérie combattante et sportive. Un symbole pour l’éternité. Un flambeau que se passeront les générations afin de promouvoir et de préserver la mémoire des hommes et leur combat.
MOHAMED MALIK