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ALG : Voyages au bout de l’Afrique (Analyse)

- BADYS BOUFAROUA

Il y a les privilégiés et les autres … Alors que les qualifications à la Coupe du Monde- 2026 battent leur plein, les sélections africaines se retrouvent une fois de plus confrontées à un adversaire insidieux : les déplacements. Entre distance faramineuse, infrastructures défaillantes et conditions de voyage précaires, les équipes du continent doivent surmonter des obstacles qui n’existent tout simplement pas ailleurs. Une injustice criante, qui rappelle que le football africain, malgré ses étoiles montantes et ses exploits récents, reste le parent pauvre du ballon rond mondial. Nonobstant le fait que les fédérations nationales, à l’exception de quelques-unes, notamment celle de l’Algérie où de l’Afrique du Sud, les autres ne roulent pas sur l’or et qu’elles ne peuvent se permettre de voyager sur des vols spéciaux. Un handicap qui se traduit bien souvent sur le terrain par des contre-performances qui nuisent à leurs objectifs.

Le calvaire de l’île Maurice
9 696 km, c’est la distance qui sépare l’île du Cap-Vert à l’île Maurice qui se sont affrontés jeudi le 20 mars lors de la 5e journée des qualifications de la Coupe du Monde -2026 (1-0 pour le Cap- Vert).9 696 km qui représentent déjà un très long périple de plus de 24h en cas d’escale, dont il faudra ajouter le voyage initial des internationaux Mauriciens venant de d’Australie et d’Europe. Pour enfoncer le clou un peu plus dans les organismes comme si c’était nécessaire, les cinq heures de décalage horaire. Une épreuve herculéenne qu’a dû reproduire presque une seconde fois la sélection mauricienne qui s’est déplacée à plus de 7 511 km du Cap- Vert. Trois jours après la défaite contre les Requins bleus, le Club M a affronté l’Eswatini (3-3). Une folie furieuse pour les organismes des footballeurs, déjà mis à rude épreuve par les calendriers surchargés. A titre de comparaison, le plus long déplacement de l’histoire des compétitions de clubs de l’UEFA, est de 6 173 km.

La mésaventure du Soudan du Sud
Une fois sur place, parfois le voyage… l’enfer n’est pas encore fini. Le Soudan du Sud en
a encore fait les frais. La sélection sud- soudanaise s’est trouvée bloquée pendant plusieurs heures à l’aéroport de Benghazi. Avant-eux, c’était le Rwanda en septembre dernier, le Nigeria en octobre et le Bénin en novembre qui ont connu une mésaventure libyenne. Moses Simon, l’international nigérien parle même de « prise d’otage» dans une interview accordée au journal français l’Equipe. Les Super Eagles avaient été obligés d’atterrir à l’aéroport d’Al Braq et d’y dormir sans eau ni nourriture. Des conditions inhumaines qui ont conduit à l’annulation du match. La sélection béninoise a dû quant à elle jouer dans un climat d’insécurité, et a échappé de peu au drame suite à l’envahissement de terrain à la fin du match contre la Libye.

La diplomatie ou la lutte
Les conséquences de ces déplacements interminables sont connues : fatigue accumulée, risque de blessures, performances en dents de scie. Alors que la Coupe du Monde -2026 approche, les sélections africaines continuent de se battre sur deux fronts : sur le terrain, et dans les aéroports. En Afrique, le football n’est pas qu’une question de talent. C’est aussi une question de patience, de courage, et de volonté. Cependant, il y a cette mobilisation qui manque aux dirigeants du football africain pour dénoncer cette situation qui a été imposée par les clubs européens, à la FIFA, sans tenir compte des spécificités des continents. Cette fenêtre de dix jours par exemple est un leurre. Elle ne peut être appliquée partout et dans les mêmes conditions. A cela, il est important de se référer à l’histoire du football et la remettre en marche en se souvenant que les acquis récents du football africain sont le résultat d’une lutte des dirigeants, à l’ image des présidents de la CAF, l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema et le Camerounais Issa Hayatou. Ce n’était pas des cadeaux.

Ces acquisitions ont été arrachées à une FIFA conservatrice, comme la suppression de la règle du vote du « 1 pour 3 » qui a mis fin à une discrimination criante et au départ du conservateur anglais Stanley Rous de la sphère du football. Bref, l’Afrique du football unie est capable par la diplomatie ou par la lutte d’imposer de nouvelles règles.
– BADYS BOUFAROUA

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