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ALG : Bentaleb, paroles d’un miraculé

RACHID BELARBI

Autorisé par l’intransigeante commission médicale de la Fédération française de football à rejouer au plus haut niveau, l’international algérien Nabil Bentaleb devrait faire son retour à la compétition ce soir à l’occasion du choc entre le Stade Rennais et le LOSC.

Une première depuis le 10 juin 2024, où il était apparu sur l’herbe lors d’Ouganda-Algérie (1-2) en éliminatoires de la Coupe du monde 2026. «C’est pour bientôt. La décision appartient au coach», s’est contenté de répondre l’international algérien, par humilité sans doute et par pudeur à coup sûr, lorsque la question lui a été posée au cours d’une conférence de presse de laquelle il a été le héros, vendredi après-midi.

A sa droite, son président Olivier Létang a été plus précis. «Dès ce week-end», souriait le patron lillois qui mesure, mieux que quiconque, tout le chemin parcouru depuis ce 18 juin et ce fameux arrêt cardiaque qui a changé le cours de sa vie et de sa carrière. «Je n’ai pas vraiment de souvenir de ce qui est arrivé le 18 juin. Je me suis réveillé deux jours plus tard. Au début, c’était un choc. Mais j’étais bien entouré, et ça s’est passé comme cela devait se passer», rembobinait-il, sans trop de détails avant, en revanche, d’abonder, en long et en large, sur tout le travail effectué entre-temps pour pouvoir redevenir un footballeur professionnel.

«Au début, c’était un choc !»

«Je suis resté environ un mois et demi pour mettre les idées en place, réfléchir et voir ce que je voulais. J’ai dû également consulter ma famille, car sur une décision comme ça je ne peux faire l’égoïste, je dois également embarquer ma famille avec moi. Si j’y vais seul, je ne réussirais jamais. Je n’ai pas été poussé par le club qui a toujours favorisé ma santé avant tout.

C’est moi qui ai décidé, de mon propre gré de reprendre l’activité physique et sportive afin de revenir à la compétition», dissertera le milieu de terrain, avant d’enchaîner : «Cela n’a pas été simple. J’ai découvert une autre forme de force mentale, moi qui pensais être fort mentalement. Il y a des choses qu’il faut traverser. Bien sûr qu’il y a eu des doutes. De toutes les façons, avant que je commence, on m’avait prévenu, quand j’étais encore à l’hôpital, j’ai eu la possibilité de parler avec (Christian) Eriksen qui m’a énormément aidé ainsi qu’avec un autre joueur à qui c’est également arrivé, Tom Lockyer qui m’ont pu m’éclairer car j’étais dans le flou, vers qui m’orienter ?»

«Eriksen m’a beaucoup aidé»

«Que faire et quoi faire ? Ils m’ont énormément aidé en me rassurant sur quelques points et en me prévenant aussi de ce qui allait arriver, donc je savais qu’à un moment donné ,j’allais avoir certaines craintes et certains doutes mais que c’était tout à fait normal. Ce n’était pas une décision prise à la légère. Tout a été analysé, tout a été étudié». «Nabil est en pleine forme», rassurait, de son côté, le président du LOSC, «très heureux et ému de le voir reprendre l’entraînement collectif».

«J’ai énormément travaillé ces huit derniers mois, je pense que je connais maintenant la forêt par cœur ! J’étais super bien accompagné, j’ai été suivi au jour le jour. Contrairement à ceux qui se font les croisés ou qui ont de graves blessures et qui restent éloignés des terrains pendant six ou huit mois, je ne savais pas si je pouvais revenir ou pas. Eux, ils savent qu’ils reviendront, moi, non, c’est ce qui me faisait mal et me donnait envie de travailler plus », témoignera encore Nabil Bentaleb, pour lequel, porter ce défibrillateur « n’est pas contraignant».

« Mon corps a dû s’adapter au pacemaker»

«Il a fallu un peu de temps à mon corps pour s’habituer au défibrillateur sous-cutané, ça ne change pas grand-chose à mon quotidien. Tout comme Eriksen et Lockyer ont été des espoirs pour moi et une source d’inspiration, ça me permettait de me projeter, je pense que ce sera mon rôle si jamais ça arrive à d’autres», abondera le miraculé, forcément heureux et soulagé de voir, enfin, le bout du tunnel. «Le feu vert de la commission médicale ? Tout d’abord, je n’y croyais pas trop.

J’ai tellement attendu ce moment qu’au final je pensais que ce n’était pas réel. C’était un travail de longue haleine, de toute l’équipe. On n’a pas lâché, on y a cru. Avoir ce feu vert était, en quelque sorte, une délivrance. Une décision avec laquelle on peut désormais se projeter pour aller de l’avant», soulignait le patient du célèbre cardiologue Harald Jorstad, conscient d’avoir sué pour en arriver là.

«L’essentiel était de garder le cap»

«Je ne peux pas résumer les huit derniers mois en quelques phrases. Bien sûr il y a eu des hauts et des bas, des moments où on pensait que c’était fini et d’autres où on était aux anges et ça allait un peu mieux. Mais comme l’a dit le président, l’essentiel était de garder le cap, toujours avoir en ligne de mire l’objectif qui était au final de retrouver les terrains et la compétition. Il y a eu énormément de travail, parfois j’aurais aimé que ça aille plus vite, c’est forcément mon esprit de compétiteur. Heureusement que j’étais bien entouré par des cardiologues, par le club qui me faisait garder les pieds sur terre, étape après étape, pour être sûr d’être en sécurité maximale», indiquera l’ancien grand espoir des Spurs de Tottenham.

RACHID BELARBI

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