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FIFA : Le plaidoyer de la Fédération palestinienne contre Israël

YANIS.B

La Fédération Palestinienne de Football (PFA) a adressé à la FIFA une proposition, condamnant le comportement d’Israël vis-à-vis du football palestinien, et a demandé son inscription à l’ordre du jour du Congrès, prévu le 17 mai 2024, à Bangkok (Thaïlande). Cette proposition a le soutien de plusieurs pays, dont la Fédération algérienne de football. Botola en publie quelques extraits.

(…) Au regard des divers articles et règles, la PFA présente la liste des infractions graves aux Statuts de la FIFA commises par l’IFA. Tout d’abord, il convient de noter que les actions du gouvernement israélien ont des répercussions sur les droits humains et la situation humanitaire en Palestine. Elles représentent, en outre, une menace existentielle et peuvent être assimilées à un génocide, comme confirmé par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et la Cour internationale de Justice (CIJ). Le secrétaire général de l’ONU a notamment qualifié ces actions comme étant une menace pour la paix dans le monde. Depuis le début de la guerre menée par Israël à Gaza, au moins 39 178 civils y ont été tués, dont 14 622 enfants, et 73 300 ont été blessés. En Cisjordanie, ce sont 425 personnes qui ont perdu la vie, parmi lesquelles 113 enfants. Au 11 mars 2024, au moins 92 footballeurs, dont 23 jeunes adolescents, ont été tués. Mohammad Khattab, arbitre de la FIFA ainsi que l’ensemble de sa famille ont été tués à Gaza.

Destruction systématique des infrastructures sportives

L’ensemble des infrastructures footballistiques à Gaza ont été détruites ou gravement endommagées, y compris l’historique stade Al-Yarmuk, lequel a été transformé par l’occupant israélien en un camp de concentration, tel que rapporté par plusieurs organisations internationales. Des bulldozers israéliens ont creusé le terrain dans l’unique but de le démolir. Des installations plus petites ainsi que des terrains en terre ont été transformés en des camps de réfugiés de fortune, des hôpitaux de campagne et des fosses communes. Les installations de trois clubs (club Jenin, club du camp de Jenin et club Nurshams), toutes situées en Cisjordanie, ont été endommagées par l’armée d’occupation israélienne au cours des multiples incursions dans les deux camps de réfugiés, effectuées après le 7 octobre. Parallèlement, les demandes soumises par des Palestiniens pour construire des infrastructures (sportives) en Cisjordanie sont régulièrement reje- tées par Israël. Complicité de l’IFA dans les agissements du gouvernement israélien visant à mettre à mal le football palestinien

L’IFA reste muette devant les infractions

L’IFA soutient moralement, financièrement et d’un point de vue logistique l’occupation de la Palestine. Subventionnée par l’État israélien, elle garde le silence sur les abus perpétrés par ce dernier à l’encontre du football palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, acceptant par la même la politique menée par son gouverne- ment contre le football palestinien. L’IFA représente le gouvernement israélien et ses intérêts, y compris ceux qui empêchent le bon fonctionnement de la PFA et qui sont en totale infraction avec les Statuts de la FIFA. Dans une lettre du 25 août 2013, l’IFA a, par exemple, demandé à la FIFA, au nom du gouvernement israélien, que « toutes les opérations de la Fédé- ration palestinienne de football passent obligatoirement par les voies officielles de l’État d’Israël », ce qui constitue une violation de l’article 19, alinéa 1 des Statuts de la FIFA selon lequel, « chaque association membre doit diriger ses affaires en toute indépendance sans l’influence indue d’aucun tiers ». Dans tous les accords conclus entre la FIFA, la PFA et l’IFA, cette dernière a également assumé la responsabilité de remplir certains mandats incombant au gouverne- ment israélien, tels que la gestion de l’entrée, la sortie et la libre circulation en Palestine de personnes et marchandises associées au foot- ball, l’IFA a systématiquement défendu ou justifié l’indéfendable position de l’occupation lorsque celle-ci a bloqué absolument tout mouvement.

Le comportement raciste des clubs

La PFA n’a pas organisé sereinement plusieurs finales de la Coupe de Palestine, puisqu’elles ont dû être soit reportées soit annulées, ce qui a eu de graves répercussions sur la carrière de footballeurs issus de Gaza. Selon l’ONG Human Rights Watch, « les sportifs vivant à Gaza ont manqué des opportunités essentielles d’avancement qui n’étaient pas disponibles à Gaza ». L’IFA s’est continuellement rendue coupable de ne pas prendre des mesures contre la discrimination et le racisme dans des domaines relevant de sa compétence. L’exemple le plus criant à cet égard est celui du Beitar Jérusalem FC, un club de football professionnel israélien de Jérusalem qui dispute la Premier League israélienne. Comme rapporté par l’hebdomadaire anglais The Economist : « Les supporters du club chantent sans gêne leur fierté d’être l’équipe « la plus ra- ciste » d’Israël. Ils n’hésitent pas à qualifier de ‘terroristes’ les joueurs arabes des équipes adverses. Si les Arabes représentent 21% de la population israélienne, le Beitar Jérusalem FC n’en a jamais compté un seul dans ses rangs, ce qui s’inscrit dans la volonté des supporters que le club demeure «pur à jamais» (…). De nombreux footballeurs israéliens officient dans la IDF, une armée d’occupation qui se rend coupable des plus graves atteintes au droit humanitaire international. Et au moins cinq clubs basés dans des colonies illégales sur le territoire de la PFA participent au championnat israélien, sous l’égide de l’IFA. L’affiliation à l’IFA de clubs basés dans des colonies israéliennes illégales en Cisjorda- nie, dont Ma’aleh Adumim, Kiryat Arba, Givat Zeev, Bikat Hayarden et Ariel, constitue depuis plusieurs années une violation évidente des articles des Statuts de la FIFA (édition 2022).

Le football, un outil pour la politique génocidaire d’Israël

Dans une lettre, 66 membres du Parlement européen ont indiqué que « permettre à Israël d’utiliser le football comme outil pour s’étendre en Cisjordanie politise le football, ce qui n’est pas acceptable ». En 2017, plus d’une centaine d’organisations sportives, de syndicats, d’organisations de défense des droits humains et de groupes confessionnels, représentant des millions de personnes issues de 28 pays à travers le monde, se sont as- sociés à des grands noms du foot- ball, des universitaires, des réalisateurs de films, des politiques et des responsables gouvernementaux pour appeler la FIFA à prendre des mesures. À ce jour, il est toujours
indéterminé pourquoi la FIFA n’a jamais pris de mesure, malgré l’infraction évidente à ses Statuts. En somme, Israël ne respecte pas ses obligations au regard du droit international en tirant et tuant des footballeurs palestiniens, en détruisant des stades, en refusant régulièrement d’octroyer des permis de construire pour des infrastructures sportives et en empêchant la libre circulation des joueurs. Le fait que 12 associations membres de la Fédération de football d’Asie de l’Ouest (WAFF) ont demandé à la FIFA de sanctionner Israël et que de nombreuses organisations appellent au boycott des sponsors de la FIFA devraient amener les mêmes arguments et inquiétudes.

Une tragédie intolérable à Gaza

En continuant de permettre à des clubs basés dans des colonies illé- gales situées sur le territoire pales- tinien de participer à son championnat national, l’IFA continue de servir les intérêts de son gouvernement et d’enfreindre les Sta- tuts de la FIFA. En outre, elle n’a toujours rien fait pour lutter contre le racisme qui sévit dans son championnat. Les membres de la FIFA sont tous tenus de protéger et pré- server les droits humains, ainsi que de se conformer aux Statuts de la FIFA. L’incapacité d’une organisation internationale à prendre des mesures véritables, en lien avec les griefs présentés par l’un de ses membres, normalise les violations constantes des droits dont ce membre fait l’objet et encourage celui qui en est à l’origine à continuer. Si aucune véritable mesure ne devait être prise, malgré ce que prévoient les Statuts de la FIFA, un précédent malheureux serait créé.
YANIS. B

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