
Deux ans de chômage, deux années de galère : les destins parallèles de Vladimir Petkovic, inactif entre février 2022 et mars 2024 et les Verts qui ont vécu un triple traumatisme à la même période se sont croisés pour se lier pour les … deux prochaines années !
L’alchimie prendre-t-elle entre un technicien réputé pour sa froideur et une nation où le football est une brûlante passion ? Au moment de son limogeage par des Girondins de Bordeaux dont il a précipité la chute en Ligue 2 française, le natif de Sarajevo n’imaginait certainement pas traverser la Méditerranée à cet instant-là pour prendre en main une sélection algérienne qui avait, certes, connu un cuisant et inattendu échec à la CAN camerounaise, mais qui semblait encore en mesure de se relever tant elle avait marché sur l’Afrique… deux années durant ! Or, deux ans plus tard, leur destin est désormais commun : l’ancien patron technique de la sélection suisse est le nouvel homme fort de l’EN.
Il trouvera au Centre technique de Sidi-Moussa, dont il foulera l’herbe aujourd’hui après son arrivée attendue à Alger, un écrin de premier ordre pour entamer sa mission. Il hérite, néanmoins, d’une sélection meurtrie par une terrible série d’échecs dont presque personne n’a, pourtant, trouvé les causes.
Redonner une âme de conquérant au groupe
Le plus grand défi de Petkovic sera, de fait, de redonner une âme de conquérant à son groupe et de mettre fin à cette incapacité de briller dans les grands rendez-vous. Car, qu’on se le dise : bien qu’il totalise pas moins de 41 victoires en 64 matches internationaux, le plus gros reproche fait à son prédécesseur était d’avoir surtout manqué ses grands rendez-vous. Excepté en Egypte, où elle a tenu son rang à la CAN et remporté le trophée, l’EN sous Djamel Belmadi a, en effet, raté ses trois importants challenges suivants : les Coupes d’Afrique des Nations 2021 (janvier 2022) et 2023 (janvier 2024) et entre les deux, la qualification à la Coupe du Monde 2026 (mars 2022).
Or, ce qui a fait la renommée de Petkovic en Suisse est, justement, le fait d’avoir mené la Nati à trois phases finales consécutives (Euro 2016 et 2020, Mondial 2018) et d’être parvenu, à chaque fois, à sortir des poules, ce qui reste pour l’heure, le plus grand exploit de l’histoire récente de coéquipiers de Xhaka, avec de prime abord, un exploit XXL face à la France championne du monde, éliminée en 1/8ème de finale du championnat d’Europe des Nations après avoir été mené (1-3).
Objectif : Réussir en phase finale
En termes d’objectifs donc, l’ancien driver de la Lazio de Rome n’aura pas forcément des montagnes à déplacer : Qualifier l’Algérie à la CAN 2025 au Maroc dans une poule à 4 avec deux billets à la clé n’est, assurément, pas le plus relevé des défis. Assurer aux Verts de terminer en pôle dans la course au Mondial 2026 sans barrage-piège, dans un groupe où seule la Guinée fait office de peu effrayant épouvantail reste, dans le même ordre d’idée, un objectif largement à la portée d’une sélection de la dimension et de la qualité de l’Algérie.
D’autant plus que son prédécesseur au poste lui a parfaitement balisé le terrain en raflant les six points mis en jeu lors des deux premières journées de ces éliminatoires en dix actes. Dire, cependant, que Vladimir Petkovic arrive en terrain conquis serait réduire la difficulté de sa mission à sa plus simple expression. Avant de se jeter dans le grand bain, il aura, d’ailleurs, l’avantage de disputer, à domicile, un tournoi officiel sans enjeu comptable.
16 mois pour un 1er défi
Une opportunité qui arrivera immédiatement avec ce tournoi à quatre qui offrira aux coéquipiers de Riyad Mahrez de s’asseoir à la table des récents demi-finalistes de la CAN ivoirienne puis de croiser le fer avec une Bolivie toujours aussi difficile à manier. Deux empoignades qui accéléreront la convalescence de cette EN malade et qui devrait permettre à son nouveau boss de la scanner dans les conditions d’un cadre officiel sans pour autant avoir à justifier un quelconque résultat.
Ce n’est qu’à l’issue de cette édition régionale des FIFA séries qu’un premier regard critique pourra être porté sur le management de Petkovic à travers ce qu’il aura décidé à propos de la composante humaine du vestiaire entre maintien des cadres en ménageant leurs habitudes ou révolution de velours via un renvoi massif à la retraite des trentenaires et promotion des jeunes lieutenants. Ce n’est que dans exactement 16 mois, soit à la CAN marocaine (juillet-août 2025) que Vladimir Petkovic livrera sa première véritable bataille pour laquelle il a été recruté à prix fort.
RACHID BELARBI