ALG : Qui va finalement former des footballeurs en Algérie ?
LAFORDASSE

L’élimination du CR Belouizdad en Ligue des Champions africaine des clubs (LDC), face aux Tanzaniens de Young Africans (4-0), et la défaite de l’USM Alger, tenant du titre de la Coupe de la Confédération, contre Al-Hillal de Benghazi de Libye (1-2) remettent sur la table des débats la triste réalité de notre football national. Une triste et dure réalité que même la sélec- tion A, qui constituait l’arbre qui cachait la forêt, ne peut occulter. Ainsi, l’embellie qu’a connue notre football national entre 2019 et 2022, avec la consécration de trois de nos sélections : l’équipe A, vainqueur de la CAN-2019, l’équipe A’, sacrée championne arabe de la FIFA 2021 et la sélection U-17, championne arabe des nations en 2022, fait partie de l’Histoire.
Toutefois, elle est considérée par les spécialistes comme la conséquence des choix stratégiques pour lesquels le président de la FAF de l’époque, Kheïreddine Zetchi (notre photo, les jeunes de l’académie du Paradou), avait opté malgré les partisans des hôtels contre les académies qui reviennent mal- heureusement à la charge par des voies détournées. On pourra ajouter à ce bilan, la place de finaliste de notre équipe U-20 en Coupe arabe des nations en 2021 (défaite en finale face à l’Arabie Saoudite 1 à 2) et surtout la qualification de l’équipe nationale U-17 à la CAN de la catégorie en 2021, avant que le Maroc n’annule cette édition pour cause de Covid-19.
La mise en place de deux académies, Khemis Miliana et Sid Bel-Abbès, ainsi que de la structure FAF Radar comme seg- ment de la direction technique nationale, ont largement contribué à ces résultats, en un laps de temps très court. Ce ne sont pas les spécialistes et Botola qui le disent, c’est plutôt la FIFA. En effet, dans un rapport dédié à l’évaluation technique au ren- forcement de la compétitivité au niveau mondial à travers une analyse de l’écosystème de développement des talents au sein des 211 Associations qui lui sont affi- liées, la FIFA et son département tech- nique, présidé par Arsène Wenger, avaient salué les choix de la FAF !
Chaque Association, dont la Fédération algérienne de football, avait reçu son propre rapport d’audit et d’évaluation, fruit d’une longue enquête qui a duré presque deux ans. La question qui se pose alors : Ce rapport a-t-il atterri sur le bureau de l’actuel directeur technique national, Ameur Mansoul qui, malheureusement, a fait une annonce préjudiciable pour l’ave- nir du football. Il a affirmé, le 29 janvier dernier, que ce n’était pas à la Fédération de former les joueurs, mais c’est aux clubs qu’incombent cette mission. De fait, il condamnait toute initiative ou effort pour faire avancer la machine du développe- ment et de la formation, dès lors que ces clubs sont loin de pouvoir assumer cette mission !
Se pose alors la question : Qui va finalement former des footballeurs en Algérie ? A l’ère de l’Intelligence artificielle (IA), notre football a fait pratiquement le choix de l’Intelligence archaïque (IA), surtout que l’approche pluridisciplinaire du développement des joueurs demeure peu comprise, en l’absence d’un véritable pro- gramme et plan de développement. Qui peut aujourd’hui nous dire à quelle échéance peut-on recueillir les fruits d’un programme construit et réfléchi en prévision d’échéances planifiées ? Le dernier CHAN-2022, organisé en Algérie et auquel notre sélection n’a pas participé depuis 2011, a démontré une réalité criarde. Notre meilleure équipe locale, qui s’est préparée durant un an et demi moyennant des stages, des matchs amicaux et des tournois, n’a pas pu décrocher le titre.
Elle s’est trouvée devant une nation, le Sénégal, dont le championnat et les clubs sont à la traîne sur le plan continental, mais dont la force réside dans son système de formation. Ce pays truste les consécrations durant les cinq dernières années au niveau, pratiquement, de ses sélections nationales, ce n’est pas dû au hasard, mais c’est là l’aboutissement d’une politique instaurée depuis deux décennies et une stabilité à tous les niveaux. Pour la petite histoire, Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise de football, et vice-président de la CAF, est toujours à son poste, malgré avoir perdu l’organisation de la CAN-2027 et le titre africain à la CAN-2023, tout récemment. La différence est aussi à ce niveau. Et plus le temps passe et plus notre retard augmente. A bon entendeur !
LAFORDASSE